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exex_2005/exex.change nr. 1

collection
christian bovey, cendrine colin, anne blanchet, charles duboux, jean-claude schauenberg,
jean scheurer, pierre schwerzmann, françois weidmann, yves zbinden

la suisse est un mouchoir de poche.
quatre heures de train suffisent pour la traverser d'est en ouest, pour aller de genève, région résolument tournée vers la france, jusqu'aux frontières de l'allemagne et de l'autriche.
le territoire du pays de vaud, situé en quelque sorte au coeur de la romandie, n'est «ni plus» tourné vers la france «ni moins» tourné vers la suisse orientale. il aspire «bien au contraire» au calme, à la stabilité et à la pérennité.
cet environnement pourrait paraître peu propice à la création. mais en matière d'arts plastiques, peut-on encore parler de particularismes régionaux ? ici, la réponse semble être résolument «non»!
l'art, les artistes ou les amateurs d'art ne connaissent ni grenzen ni graben. où qu'ils soient, ils cherchent et trouvent leur véritable raison d'être, la création, la vie.
antoinette pitteloud

 

 

christian bovey
constatant que des formes et des personnages surgissent dès que sa main rencontre un quelconque bout de papier, en l'occurrence un post it, christian bovey s'interroge : d'où vient la vie qui anime ces pliages, ces traces ou même ces gribouillis? de l'imagination de l'enfant, intacte et inépuisable? du rêve de l'adulte, porté par ses souvenirs? du simple contact de son index avec le carré coloré? ou du papier lui-même, qui, par nature, aurait tendance à se gondoler, à se plier et se marquer? les êtres et les formes sont-ils animés d'une vie propre, existent-ils avant et/ou après leur apparition fugace à l'écran? les doigts de l'auteur finissent par le dénoncer: faisant fi de tout intermédiaire, ils miment l'errance de l'artiste, épuisé de travail et saoulé de rêves.
antoinette pitteloud

 

 

 

 

 

 

cendrine colin
le voyage comme une action engagée - l'art comme un espace dans lequel cendrine colin structure sa critique politique et sociale. cendrine colin est en mouvement permanent, dans le présent, dans l'actualité d'où elle nous ramène ses souvenirs et témoignages. nous recevons des salutations d'irak, du kgb, de l'océan ou encore des billets pour la planète d'uranus. se mêlent ainsi anarchiquement les iconographies de la presse et de la pub, du capitalisme et du quotidien. une sorte de reportage de notre temps au moyen de différents supports comme le dessin, la peinture, l'installation et des notations appliquées directement sur des murs et des sols.
claudia renna

 

 

 

 

 

 

anne blanchet
avec anne blanchet nous sommes dans une atmosphère du silence et dans une sorte d'extension du temps et de l'espace. de ses light drawings, des lignes coupées dans une plaque en plexiglas blanche, se forment des espaces sobres qui se métamorphosent avec le changement de la lumière et le point d'orientation du spectateur. ces objets ne sont pas des surfaces statiques, ils sont soumis à un changement constant, parfois à la limite du perceptible. ils invitent au mouvement, mouvement lent et souple, physique et mental.
claudia renna

 

 

 

 

charles duboux
charles duboux est à la fois plasticien et architecte. sa double formation le conduit à s'interroger sur les espaces construits. gage de sécurité et lieu du bonheur, la maison familiale concentre les aspirations individuelles comme les clichés universels : tout quartier de villas en est la vivante illustration. ici, la forme de la maison est élémentaire, telle que les enfants se la représentent: quatre murs, un toit, une porte et des fenêtres. mais ce volume unique est habité de multiples façons. la matière qui le délimite ou au contraire l'emplit est translucide ou opaque, structurée ou homogène. elle laisse imaginer l'espace ou le cache à l'abri de ses façades. chaque maison est à l'image de la vie qui l'habite, parfois fragile comme le balsa ou au contraire lourde comme le plomb.
antoinette pitteloud

 

 

 

 

jean-claude schauenberg
jean-claude schauenberg puise son inspiration dans les infinies variations de la nature. plus que l'amour du jardinage, c'est la neutralité structurée du végétal, à la limite de la figuration, qui lui fournit rythmes et formes le travail exposé ici fait partie d'un ensemble intitulé «état des lieux». une prairie factice, toute de plastique et photographiée dans une vitrine marchande de palerme, nous propose une nature adaptée à la vie moderne, propre en ordre et débarrassée de tout insecte ou pollen allergisant. le «peintre d'extérieur» du xxie n'a lui-même plus besoin de se salir les mains, puisque son imprimante desk jet lui permet de restituer sans effort l'image capturée.
antoinette pitteloud

 

 

 

 

jean scheurer
depuis des décennies, jean scheurer, bien que résolument de gauche, privilégie la droite. ses lignes s'enchevêtrent, s'entrecroisent et se superposent dans l'espace comme les traînées laissées dans le ciel par les avions de ligne. transparentes ou saturées, tracées à main levée ou au tire-ligne, elles s'accordent des libertés ou au contraire fendent l'espace comme des flèches. les trois petites toiles noires exposées ici appartiennent à une nouvelle série, commencée fin 2004. les droites s'y ordonnent en strictes parallèles de largeurs et d'intensités variables. la matière, à la fois rigide et vibrante, y prend un relief étrange. jean scheurer intitule généralement ses toiles peintures modernes, et même ultramodernes, manifestant ainsi sa méfiance envers toute forme de catégorie.
antoinette pitteloud

 

 

 

 

pierre schwerzman *
pierre schwerzman démontre que dessin et peinture sont une façon de découper une surface pour créer une pure fiction spatiale, celle de notre perception, toujours imaginaire. pour cela il associe trois registres: l'espace, la perception mentale et le corps, invité à se risquer dans un rapport non fusionnel avec la peinture. il s'attache donc aux sensations et non aux signes et cherche la limite de la rupture, l'instant où la peinture fait pression pour sortir de son cadre et déranger la géométrie de ses bords. ici deux espaces sont confrontés, l'un aérien et l'autre perspective. ils glissent ou crissent l'un sur l'autre. il en découle un effet d'irritation sur celui qui regarde, comme si cette crise devenait celle de sa propre perception. ce sentiment désagréable peut agir comme un véritable repoussoir.
* mélange de citations et d'extraits d'un texte écrit par l'artiste à propos de ce travail.
antoinette pitteloud

 

 

 

 

françois weidmann
françois weidmann fabrique des petits échantillons de son univers dans une multitude de directions différentes. le sens n'est pas fixe, il se déplace sans cesse d'un lieu de pensée à un autre. il nous transmet des signes qui nous renvoient à des significations indéterminées et subjectives. chez weidmann le dessin est dans la vie et lui-même dans ses dessins. par ses titres «i live on the second floor» ou «loin de bertrand» il nous donne à voir et à croire que nous nous trouvons dans un territoire du réel et privé. pourtant, le seul pouvoir réel réside dans l'image. il maintient la complexité de son monde sous forme de signes de vie, dans une apparente simplicité.
claudia renna

 

 

 

 

yves zbinden
dans la peinture d'yves zbinden une forme et deux couleurs suffisent à accrocher le regard. «c'est la couleur qui attire, c'est l'action qui attache» dit diderot à propos de la peinture. les couleurs d'yves zbinden se diffusent dans l'espace, le champ visuel est intense et dépasse largement le cadre du tableau. le regard est à la fois aspiré dans la peinture et se propage en même temps dans l'espace. zbinden met en jeu la perfection de la forme, forme qui devient volume dans l'espace comme une illusion du réel, une suggestion. il engage le spectateur dans un processus dynamique de l'apparence.
claudia renna